Depuis des années, les pêcheurs ont toujours cherchés à attirer le poisson et à le retenir sur leur coup. Mais aujourd’hui, quelles sont les stratégies d’amorçage les plus efficaces ?

Pourquoi amorcer ?

L’amorçage de particules a pour but premier de regrouper le poisson sur son spot afin de le faire mordre. Dans le domaine de la carpe, énormément de choses peuvent être utilisées car la carpe réagit de façon opportuniste : farines, graines, bouillettes, pâtes alimentaires … Cependant, à force de se faire « mettre à sec » de manière régulière, de plus en plus de poissons réagissent de façon totalement opposée en fuyant les tâches d’amorce, qui du coup, ont perdues leur intérêt attractif de départ.

La pêche directe

Quand on pas beaucoup le temps de préparer un poste, ou bien si les conditions sont difficiles (petits plans d’eau, là même où les amorçages à l’avance sont quasi mission impossible) il est toujours possible de pêcher directement. Dans ces cas là, il n’est pas utile d’amorcer bien lourd : un sac de pellets, quelques billes ou un ou 2 spods de graines envoyés sur chaque canne et le tour est joué ! Il est important d’adapter ces quantités à la durée de pêche (on en met pas autant quand on se prépare à passer une nuit que lorsqu’on fait le coup du soir.
Trois alternatives s’offrent à nous : ne rien amorcer (pêche à la « one again »), pêche au soluble, pêche au spot.
La stratégie de l’appât unique, je l’ai découverte dans un lac de dimension réduite mais très réputé. Les nombreux carpistes présents faisaient tous à peu près la même chose : un appât avec une dizaine de billes autour et/ou un fil soluble d’amorçage. Contrairement à toute forme d’amorçage, la pêche à la « one again » ne cherche pas a faire venir du poisson sur le coup, mais à pêcher dessus (zone de tenues) ou bien sur les zones de passages obligés : (cassures…) J’ai tenté, un jour, de ne pas amorcer sur 2 de mes 4 cannes. Bilan de la soirée : 3 poissons magnifiques passant les 10 kg sur les lignes vierges de tout amorçage. Les 2 autres cannes, très bien placées n’ont pas été dérangée (elles pêchaient avec exactement le même appât). Et les 3 autres carpistes présents n’ont rien vu n’ont plus ! Dès lors, mon appréhension de départ (une seule bouillette dans cette masse d’eau) s’est évaporée ! Ce qui comptait désormais était de mettre mes appâts à la bonne place !
Ce concept d’appât unique est un véritable piège à babars ! Les gros poissons ont par nature horreur de l’agitation et se contente souvent de roder autour des « coups ». Une bonne bouillette mise à l’écart sans la moindre particule d’amorçage est vraiment très efficace.

Le fil soluble est un amorçage intéressant et facile à mettre en œuvre. Après plusieurs essais, je ne fais plus confiance qu’au Kryston Meltdown qui fond intégralement sans laisser de traces disgracieuses sur le fer de l’hameçon. Si le votre ne fond pas intégralement, vous pouvez accrocher la boucle du fil dans l’agrafe du montage, à l’écart de l’appât et de l’hameçon. Ca fonctionne très bien et offre un amorçage légèrement décalé. Par contre on perd l’avantage de l’anti-emmêlage propre au fil soluble (2 bouillettes sur soluble de part et d’autre de l’appât).
J’utilise souvent 2 bouillettes sur soluble (afin de ne pas trop perdre de précision et de distance au lancer), mais beaucoup de présentation peuvent se faire : des demi bouillettes, des chapelets géants, des diamètres différents, des petites et des grosses …

L’amorçage en spot ou en assiette enfin ne se distingue pas par son originalité, mais a mérite d’être efficace sur les eaux à faible pression de pêche et sur des poissons naïfs.
Là encore, la pêche en spot peut se faire de différentes manières (utilisez un marqueur pour plus de précision)

La pêche court terme

C’est la méthode classique : on amorce plus ou moins lourdement son poste avant la pêche. Deux ou 3 jours sont généralement suffisant pour mettre en appétit les poissons et les faire revenir sur le coup. Mais ce style d’amorçage ne met pas suffisamment en confiances les plus grosses et les plus malines des carpes. On prend alors en priorité les poissons naïfs et suiveurs. Ce sont bien souvent les poissons pris régulièrement dans les étangs de superficie modestes qui se font prendre de cette manière.
En réalité, on tue le coup de manière prématuré. Ce phénomène est vraiment flagrant en rivière ou en canal. On fait souvent une série de départ puis d’un coup, les touches s’arrêtent de manière brutale. La pression de pêche intense a vite fait de prendre une bonne partie du banc, qui du coup, se méfie du poste. La solution est d’étaler ses lignes le plus possible, en évitant les groupement d’amorce.

Les ALT : Amorçage Long Terme

C’est une méthode d’amorçage vraiment très efficace et redoutable surtout sur les plans d’eaux de faible et de moyenne superficie. L’ALT consiste a conditionner le plus de poissons possible sur des appâts originaux (en tout cas inconnu des carpes et des autres pêcheurs). L’ALT n’a rien a voir avec un amorçage classique qui a pour but de donner a manger sur un poste donné quelques jours de suite. On passe à une autre échelle. Il s’agit de faire croire que nos bouillettes « poussent au fond de l’eau », et par conséquent chercher à intégrer les appâts dans le régime alimentaire des poissons. On va donc amorcer les poissons un certain temps sur toute la surface du plan d’eau. D’où l’intérêt des petits plans d’eaux ! Plus faciles et plus rapides à amorcer. On peut faire cela sur des zones de pêche de plusieurs ha, mais on passe forcément à côté de quelques poissons, et on se rapproche de l’amorçage classique d’un coup. On en met 1 là, 2 par là … Aucun mètre carré de l’étang ne doit être « épargné ». Les quantités requises sont donc à la hauteur de la stratégie : 500 grs par ha minimum (ce qui fait seulement 500 grs pour 10 000 m² (soir un carré de 100m sur 100m) Tout dépends de la densité de poissons, des nuisibles (opter pour des grosses bouillettes moins attractives), de leur activité et de la saison.

Quant à la durée d’amorçage, si vous êtes certains que tout est mangé, plus la durée sera longue, mieux ce sera. En effet, ce sont les carpes naïves et très curieuses qui « attaquent » les premières et qui se goinfrent de cette providence (du moins sur les étangs a tendance carencée, tendance moins vraie sur les plans d’eau très riches en nourriture naturelle). Les carpes qui ont l’habitude de suivre de loin et les méfiantes garderont leur distance pendant un certain temps, avalant une ou 2 bouillettes au détour d’un herbier de temps en temps. Ce n’est que quand ces poissons là se nourriront de manière spontanée (sans aucune forme de méfiance : les poissons ayant assimilé les bouillettes a une forme de nourriture profitable) que l’amorçage d’accoutumance pourra toucher à sa fin ( et la pêche à ses débuts !) Difficile de savoir combien de temps il faut amorcer : en moyenne de 1 mois et demi à 2 mois. Ce peut être plus (plans d’eaux riches) ou moins (plans d’eaux pauvres et acides).
Pour ces raisons et pour plus d’efficacité, mieux vaut se mettre à 2 ou 3 pour attaquer une telle entreprise ! On partage les frais qui peuvent être élevés : essence, bouillettes, et temps : de roulage (si vous avez décidé de rouler des appâts maison), de repérage … Le mieux est d’amorcer tous les 2 jours, en évitant de se faire voir (hein Gégé :-)) )
Quant on commence la pêche sur un ALT, mieux vaut prévoir les épuisettes et les pellicules photos ! Cela démarre en général, très fort. Les poissons sont tellement conditionnés sur les bouillettes en question qu’ils en oublient les règles élémentaires de sécurité ! La première groupement de billes = danger ! Vous allez pouvoir refaire des amorçages groupés sans aucun problème (« comme dans le temps »), les carpes se jetant littéralement sur les bouillettes...